Je vous ai déjà parlé des
Enchantements d'Ambremer et des Lames du cardinal, mais jamais de la
première trilogie de Pierre Pevel, composée des Ombres de
Wielstadt, des Masques de Wielstadt et du Chevalier de Wielstadt.
Et bien décidément, Pierre Pevel aime
tordre l'Histoire, la manipuler à son goût pour en faire autre
chose. Dès son premier roman, il mêle Histoire et Fantasy. Côté
Histoire : le Saint Empire Germanique, en 1620, au tout début
de la guerre de trente ans. Une époque sombre et violente, au cours
de laquelle vont lutter l'un contre l'autre les protestants et les
catholiques (entre autres). Ce conflit sera en toile de fond de
l'histoire et l'histoire sera au cœur de l'Empire Germanique. Côté
Fantasy : des faunes (taverniers et coupe jarrets), des fées
(minuscules), un nain (écossais), une ville imaginaire de l'Empire
Germanique : la Wielstadt du titre, protégée par un dragon,
mais aussi des démons et un chevalier engagé dans une croisade
désespérée contre ces derniers, le héros : Kantz.
Premier point positif (mais les
lecteurs des précédentes critiques doivent s'y attendre), c'est
très bien écrit. Dans les auteurs de fantasy, le style va d'ignoble
à passable. Avec Pevel on monte d'un cran, entre descriptions
évocatrices, gouaille et sens du dialogue. On sent l'influence
d'Alexandre Dumas père et c'est tant mieux.
Mais intéressons-nous à l'histoire.
L'histoire, c'est celle de Kantz, chevalier aux étranges pouvoirs,
croyant à la foi indéfectible, en lutte acharnée, désespérée et
solitaire contre les démons, bien réels, qui depuis les ombres
corrompent ce qu'ils touchent. Entre des goules d'une violence rare
et leur maître ivre de vengeance, un démon sadique et un voleur de
visage (il écorche le visage de ses victimes pour s'en affubler),
sans oublier des complots et des luttes secrètes, le chevalier Kantz
aura fort à faire et n'en sortira pas indemne.
Pour son premier roman, Pevel à
choisit d'être noir. Très noir même. Entre les événements
sanglants de la guerre de trente ans, les personnages secondaire
tordus, mauvais ou cassés par la vie, en passant par le héros
désespéré et lucide sur le poids de ses maigres succès, c'est peu
de dire que l'ambiance est sombre. Et s'il n'y avait pas les quelques
passages plus légers qui parsèment le roman, il serait dur de
respirer tant le roman peut devenir oppressant. Et pourtant, c'est
cela aussi qui fait le charme de la trilogie, qui nous la rend plus
vivante, plus crédible. Pas étonnant que l'auteur se soit lancé
dans une histoire plus légère ensuite avec les Enchantements
d'Ambremer. Lui aussi devait avoir besoin de respirer !
Entre cape et épée et univers
désespéré, Pevel commençait fort avec son premier roman, déjà
annonciateur des prochains. Une trilogie à découvrir de toute
urgence, surtout depuis qu'elle est sortie pour pas très cher dans
un format semi-poche.
La trilogie de Wielstadt, Pierre Pevel, 2011, 11,20 euros.
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