mercredi 31 août 2016

Balade au Musée du Jouet, Moirans en Montagne (39)

Pour la troisième fois, cet été, j'ai été visiter le Musée du jouet de Moirans en Montagne. J'ai toujours adoré les jouets anciens et plus récents (je collectionne les Playmobil depuis mon enfance et saute sur les jouets et jeux anciens que je croise en brocantes quand mes moyens me le permettent ^_^!). Impossible pour moi donc d'ignorer ce musée situé à moins de dix kilomètres de la maison de famille et entièrement rénové entre 2010 et 2012. Point important à mes yeux : il est accessible aux personnes en fauteuil roulant.

Le musée possède une collection de près de 20000 pièces datées du 2ème millénaire avant JC jusqu'à nos jours, dont 2000 exposées, et organise régulièrement des expositions temporaires : sur les Playmobil il y a deux ans, et sur le vélo cette année à l'occasion du passage du tour de France dans la ville cette été.

Les collections sont organisées au sein d'un parcours thématique (jeux d'intérieurs, jeux d'extérieurs et fabrication des jouets, puisque le Jura est le pôle de fabrication du jouet en France).

Place à quelques images pour vous donner envie à votre tour de visiter ce musée!

 Depuis le président américain Théodore Roosevelt (1901-1909),
le "Teddy bear" est à la mode!

 Petites et grandes voitures émerveillent...

 Bateaux, trains, voitures, avions : des jouets universels!

 La poupée, un des plus ancien jouet de l'humanité...

 J'ai un gros faible pour les meubles de poupées ^_^!

Les automates, jouets de luxe du siècle dernier...
 
 Balles, quilles, seaux...
Le mot "boulevard" est né au Moyen Âge du jeu de boules pratiqué dans la rue!

 A dada sur mon cheval à pédales...

 Ou à dos de tracteur!

 Les jeux d'images et d'animation ont révolutionné le XIX° siècle... Jouets de luxe!

 Jeux de théâtre et de société...

 Un tour, qui servait à fabriquer les jouets en bois tourné, spécialité du Jura...
Les paysans tournaient des jouets en hiver, durant la saison morte, pour gagner de l'argent!

Site du musée :
Tarifs :
7,50E en plein tarif.
Musée ouvert toute l'année.
Musée accessible aux personnes handicapées!

dimanche 28 août 2016

Les incroyables (mais presque vraies) aventures du club des chasseurs Ch.3

Chapitre 3 : Conférence sur les vampires. Marche silencieuse. Course bruyante. Le Véhicule :

Catelyn se massa un instant les yeux, tentant vainement de se soustraire au spectacle affligeant qui lui faisait face.
C'était la cuisine, et le mot affligeant n'était pas de trop. Nul besoin de décrire les meubles ou la "décoration", il nous suffira de préciser que la pièce avait été conçue dans les années quatre-vingt, période phare s'il en est du mauvais goût.
Cependant, la cuisine avait deux avantages : le premier, elle était en bon état. Entendez par là qu'aucun éclair n'avait traversé son plafond et qu'aucune fenêtre n'avait été brisée par une balle de fusil. Deuxième avantage, au regard de la coupure de courant, elle était pourvu en abondance de bougies.
L'éclairage ainsi apporté, s'il était chiche, avait l'avantage de cacher aux yeux de nos héros une grande partie de l'immonde tapisserie qui parasitait les murs depuis, semblait-il, une trentaine d'années.

Tout le monde s'était installé autour d'une table métallique peinte en "vert Derrick"1, dans un silence tendu. Ce fut Cate qui prit la parole en premier :

- Bon. Deux choses : la première, on est parvenu à battre deux vampires sans aucune perte. La deuxième, on est pas deux mais bien trois Puissants, vu que la petiote aussi à des pouvoirs.
- Ne m'appelez pas petiote - répondit Alice en la pourfendant de son regard à défaut d'autre chose -
- Deuxième chose – reprit la rousse sans aucune considération pour Alice et à son grand agacement - et c'est plus inquiétant, ces deux vampires que nous avons combattu sont de type 4. La bleusaille sera j'en suis sûre ravie d'apprendre qu'on compte 3 type de vampires : les vampires de type 2 sont les plus puissants. On les appelle aussi les Pères, et ils ont la capacité par le partage de leur sang de créer soit un égal, à la puissance similaire à la leur, soit une version abâtardie de la race (le type 3 donc) appelée Petits Frère, et dotée de la capacité de créer par simple morsure les versions les plus dégénérées de la race, les types 4, ou goules.
- Et il n'y a pas de vampires de type 1 ?
- On raconte effectivement qu'il existe une version monstrueusement puissante et incroyablement cruelle de la race vampirique. En réalité ça n'existe pas, ça n'a jamais existé et ça n'existera jamais : c'est une légende urbaine pour vampire craintif. Un mélange de croque mitaine et d'objet de croyance, si l'on peut dire, pour la société vampirique, qui les appelle les Grands-pères.
- Ouais - confirma Lili - Enfin Grands-pères ça veut pas dire grabataires de maison de retraite, on est bien d'accord : ces bestiots là, c'est du lourd, du high level. A ta place, ma grande, j'oublierai le type 1, on aura largement de quoi faire avec les types 4, comme ceux qu'on vient de combattre, et le type 3 qui doit encore traîner dans le coin.
- Et - rajouta le barbu - prie, même si tu ne crois pas en dieu, pour qu'on ne croise pas le type 2 à l'origine de ce bordel, parce que si on en croise un...
- Oui oui, on sait tous ce qui se passera si on en croise un - conclut Catelyn - Au passage, je vois bien qui est la petite là, Alice, mais pas vous. C'est quoi votre nom, et qu'est-ce que vous faites ici ?

L'homme se gratta la barbe d'un air songeur, jeta un regard au vieillard comme pour guetter un accord que visiblement il ne trouva pas, puis tendit la main à la rousse :
- Moi c'est Robert. J'ai été engagé par Alcibiade pour servir, plus ou moins, de garde du corps à la demoiselle aux ustensiles. Pour tout dire, je viens de....
- 'S'en fout, ton curriculum, ça nous intéresse pas - dit Lili de sa jolie voix de petite fille - Bon, si l'infection se poursuit on va avoir un joli comité d'accueil dehors, alors ce n’est pas vraiment le moment de tenir une conférence, Cate...
La rousse s'empourpra avant de répliquer :
- Je ne tiens PAS une conférence!

...

Finalement, après concertation, il fut décidé de rejoindre le sud du village, dans une grange où le vieil Alcibiade gardait un moyen de locomotion qui, ils l'espéraient tous, leur permettrait de fuir rapidement les lieux.
La maison Alcibiade et la grange étant à l'exact opposé l'une de l'autre, il leur faudrait traverser l'intégralité de Barbebouq. Outre le plaisir très mitigé que la visite du village inspirait à nos héros, il y avait aussi le risque de tomber sur ses habitants (perspective déjà peu reluisante en soi) transformés en goules. Il allait sans dire que la discrétion la plus totale était de mise.

Le groupe suivit donc en silence Catelyn, sous la pluie battante et les éclairs.
Maussades, trempés, fatigués par le précédent combat, les cinq compagnons n'étaient certes pas de la meilleure des humeurs au moment de contourner l'église par le cimetière qui la jouxtait. L'ambiance qui se dégageait de l'endroit, semé d'herbes folles et d'un enchevêtrement anarchique de pierres tombales plus laides les unes que les autres, ne fit rien pour rafraichir l'atmosphère.

- Je le sens mal - fit Lili d'un air sombre.
- La ferme - siffla Cate entre ses dents.

Elle jetait des regards nerveux autour d'elle sentant, elle ne savait comment, quelque chose. Un malaise soudain. Un truc qui clochait, un silence inquiétant à vous glacer le sang.

- Euh, c'est quoi, ça - murmura Robert, d'une voix un peu tremblante.

Ils étaient là : silhouettes claudicantes émergeant d'entre les pierres tombales avec une lenteur horrifiante. On n'en voyait pas grand-chose, mais leurs yeux et leurs crocs, luisant à la faveur d'un éclair, suffirent à tous. C'étaient des goules. Une vingtaine.

- Pitain pitain pitain...
- Bonjour l’ambiance - sortit Lili - il manquerait plus qu'ils...

Un hurlement collectif et lugubre en provenance des silhouettes creva l'obscurité et dura de longues secondes, traversant l'épine dorsale de nos héros, électrisant tous leurs nerfs et hérissant chaque poil de leurs corps.

- Et merde ! On court ! Allez go, go, go !

Et c'est de façon beaucoup plus chaotique et beaucoup moins discrète que nos héros se mirent à fuir de toutes leurs jambes, se bousculant presque, en un joyeux désordre.
Héros ou mécréants, qu’ils soient bénis ou qu'ils soient maudits, peu importait au fond : une chose les rapprochait. Tous entendaient le bruit de cavalcade de la horde non-morte à leur poursuite, très proche, trop proche, et il ne leur fallait pas beaucoup d'efforts pour s'imaginer sentir les souffles rauques et méphitiques dans leur dos.
Ils entendirent, venant de gauche, de droite, d'autres grondements, entre-aperçurent quelques regards avides. D'autres se joignaient à la horde. Dix, quinze, vingt maintenant. Non, trente. Comment un si petit village pouvait concentrer autant d'êtres - ils étaient peut-être cinquante, maintenant – quel sens mystérieux avait fait se rassembler tous ces monstres ? La peur aidant, oublieux de la fatigue et de la conjugaison, ils courrirent à en perdre haleine, les poumons en feu, le cœur battant la chamade. Plus question de se faufiler ou de se tapir, pour cela il était trop tard. Il fallait fuir loin, très loin, oublier toute autre notion, ne pas regarder derrière, ne plus réfléchir.
Le vieux Alcibiade lui-même, au corps rachitique et à la musculature défaillante, dépassait les capacités qu'on eut pu attendre de lui. Il dépassait, les uns après les autres, chacun de ses compagnons. Courir, courir, sans jamais s'arrêter, puis rejoindre le véhicule et enfin fuir loin de ce village maudit.

Hors d'haleines, ils virent avec un peu de soulagement le grand bâtiment qui abritait le véhicule. Le vieil homme chercha fébrilement la clé du cadenas, ses mains tremblantes - qui savait lequel, de la peur ou de l'âge, en était la cause - ne l'aidaient pas dans sa tâche, il commença à s'affoler, extirpa un énorme trousseau d'une poche de son long manteau, essaya une clé, hésitant, recommença avec une autre, sans succès, puis...

- Poussez-vous !

Alcibiade eut à peine le temps de se reculer : Roger armait son fusil. La détonation fit pâle figure face aux coups de tonnerre, mais elle suffit à faire sauter le cadenas. Roger tira les deux gigantesques portes et l'on put admirer, dans toute sa splendeur et avec soulagement, le véhicule que leur avait promis le vieil homme. Un instant, tout le monde fit silence, puis Lili résuma l'avis général :

- C't'une blague ?

...

Les vingt goules s'approchaient de la grande bâtisse.
Les humains... La chair fraîche...
Ils étaient dedans, tous le savaient. Leurs yeux avides luirent furtivement, le ciel gronda quelques secondes plus tard. Lentement, repliés sur eux-mêmes, sans autre pensée que la faim qui leur tordait le corps et l'esprit, les griffes tendues en avant, ils avancèrent vers les deux grandes portes.
Soudain, un grondement aussi fort que le tonnerre mais bien plus proche. Un grondement qui ne s'arrêtait pas. Une lumière s'alluma, filtrant à travers les planches disjointes de la grange. Par réflexe, certaine goules se couvrirent les yeux de leurs bras, comme si cette luminosité pouvait rivaliser avec celle du soleil. D'autres eurent la présence d'esprit de s'écarter de la porte.
Grand bien leur prit : défonçant le bois pourtant épais, un monstre de métal jaune fonça à travers la nuit. Le bus - car il s'agissait d'un bus, immense et jaune canari - écrasa quelques goules puis roula vers l'horizon, avec plus de vitesse que ne le laissait supposer sa masse, mais pas assez encore pour empêcher certaines goules de s’agripper pour ensuite...

...

"- Accélérez ! Accélérez, ils nous rattrapent!
- Alors vous et votre amie vous commencez à me taper sur les nerfs - gronda Robert - C'est un bus, ça, pas une Ferrari!
Alice, tout au fond du bus, tentait de scruter les ténèbres, derrière. Elle pouvait discerner des formes, des ombres mouvantes qui parvenaient presque à maintenir le rythme.
- Euh, vous ne pouvez pas accélérer un peu, par hasard?
- Non mais c'est pas vrai, vous vous êtes tous donnés le mot !
- Sympathique, ce mode de transport que vous nous offrez, Alcibiade - sortit Lili, avachi sur un des nombreux sièges - Quelle allure sportive, quel félin de la route ! Je suis positivement impressionnée.
- Excusez-moi de vous avoir sauvé la vie, jeune fille - répliqua le vieil Alcibiade, encore à bout de souffle – Mais vous faites pas trop d’bile, ce petit bijou n'a pas encore dévoilé toutes ses...
Le vieil homme n'eut pas le temps de finir sa phrase : une vitre à sa gauche venait d'exploser et une main décharnée avait jaillie pour se saisir du malheureux, que Lili retint juste avant qu'il ne soit happé par le vide. Plusieurs paires de bras s’agrippèrent à leur tour au vieil homme : Lili n'était pas de taille.
Elle jeta un regard autour d'elle : jaillies des multiples vitres du bus, les goules s'avançaient avec lenteur (rien ne pressait : pour une goule rien ne presse jamais). La fillette sut qu'elle ne retiendrait pas longtemps l'homme. Personne n'aurait le temps de lui venir en aide, pas même Alice, qui depuis le fond du bus n'eut que le temps de partager un regard avec son oncle avant que Lili ne lâche ses bras, le laissant choir dans la nuit, à la merci des goules voraces.
Le cri strident d'Alice perça la nuit, monta si haut que le tonnerre lui-même fit pâle figure à côté de sa puissance. Au mépris du danger, la jeune fille pencha la tête par la vitre la plus proche, juste le temps d'apercevoir son oncle, à terre, recouvert d'un amas de goules.
Sanglotant à moitié, elle s'avança vers l'avant du bus cahotant. Elle-même ne savait pas très bien ce qu'elle comptait faire. Peut-être saisir le volant, peut-être se précipiter sur le frein à main... peu importe au fond, puisqu’elle n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit.
Juste devant Robert, éclairé par les phares puissants du bus scolaire, une silhouette massive était apparue : la brune et le barbu eurent juste le temps de le reconnaître avant que le bus ne le heurte lourdement, puis qu'il bascule sur le côté pour glisser sur plusieurs mètres.

1 C'est à dire un vert sale tirant sur le gris, auquel s'ajoutait une nuance de marron délavé, couleur dominante de tout épisode de la série Derrick.