mardi 30 juin 2009

Juste parcequ'il fait très chaud


Paysage en hiver à Nozay (44)

Ce matin de nouveau je me suis réveillé

Ce matin de nouveau je me suis réveillé
et pêle-mêle se sont jetés sur moi
le mur, la couverture et la vitre et le bois,
et la clarté d'argent noir au plafond reflétée.

Se sont jetés sur moi un ticket de tramway,
tombée là, la moitié effacée de mon rêve,
cet hostile pays nommé chambre d'hôtel,
trois lignes d'un poème, et le jaune de la paille.

Se sont jetés sur moi, le temps au front blanchi
et des souvenirs de pluie, ton absence dans le lit,
et des nouvelles de nous deux et de notre séparation.
Ce matin de nouveau je me suis réveillé.

6 septembre 1960
Nâzim Hikmet, Il neige dans la nuit et autres poèmes,
nrf Gallimard

Ode à Marguerite...

A quelques jours des vacances et du déménagement, je prends quelques minutes pour vous encourager à découvrir (ou redécouvrir) une auteure que j'idolâtre, la grande Marguerite, pas Duras, mais Yourcenar!


Je viens de découvrir trois nouvelles réunies chez Gallimard, toutes trois superbes : Conte bleu (qui m'a beaucoup fait penser aux princesses d'ivoire et d'ivresse de Jean Lorrain), un texte riche en images et symboles, camaïeu de bleus et conte philosophique sur la quête effrénée de richesse, Le premier soir (réflexion d'un homme marié depuis le matin au premier soir de son mariage), Maléfices (un conte sur le pouvoir de suggestion, quand la puissance vient non du maléfice lui-même, mais du crédit qu'on vous accorde car on suppose que vous l'avez lancé).


Je grignote par ailleurs un recueil d'essais, Le Temps, ce grand sculpteur, réflexions littéraires sur divers sujets aussi éclectiques que quelques lignes de Bède le vénérable sur l'accueil des premiers évangélisateurs chrétiens, une parole donnée à Michel-Ange, des réflexions d'auteur sur la transcription de la langue parlée dans l'histoire du texte écrit...


Mais je ne peux pas évoquer Marguerite Yourcenar sans évoquer THE texte qui me l'a fait découvrir : Les nouvelles orientales, un recueil de contes "orientaux" à l'écriture incroyablement poétique, d'une extraordinaire précision, chaque mot semblant être le mot parfaitement adapté, au service d'histoires belles, parfois cruelles, parfois très tendres : Comment Wang-Fô fut sauvé, ou comment le peintre entre littéralement dans sa peinture pour sauver sa vie, Le lait de la mort, ou comment une mère sacrifiée se dévoue à son enfant par-delà la mort, Notre-Dame-des-Hirondelles, ou comment une Vierge de miséricorde recueille sous son aile des nymphes chassées par la foi chrétienne... Un bijou, presque un recueil de poésie en prose!


Enfin, je vous conseille la lecture des Mémoires d'Hadrien, une (auto)biographie de l'empereur Hadrien. Au terme de mémoires "apocryphes", qu'elle jugeait mensonger, Marguerite Yourcenar préférait substituer le terme de mémoires "imaginaires" ; et d'une certaine façon le texte de Yourcenar entre alors en résonnance avec un autre bijou méconnu de la littérature française : les Vies imaginaires de Marcel Schwob, dont vous pouvez découvrir les textes, publics, sur le site suivant : http://www.marcel-schwob.org/Oeuvres/170/vies-imaginaires

A lire!

dimanche 14 juin 2009

"Tikemata"

Bon, en théorie, il faudrait modifier toute la façade du blog, le rebaptiser "Tikemata" et "le blog à quatre mains et huit pattes", pour prendre en compte l'arrivée de Tahlia, mais bon. On continue comme avant!

mercredi 3 juin 2009

Help! Homeless!

Miaou!!

Je renchéris sur mon confrère Chat-Bouboule : je suis SDF. Virée de chez moi comme une malpropre par un machin remuant à pois. On me renie. On m'oublie. On m'abandonne. Je m'exile.

Depuis l'arrivée du Monstre, je ne suis plus chez moi. A force de luttes, après avoir passé une journée entière dehors (la seule où il ait plu, HA!) j'ai réussi à regagner une partie du territoire : la chambre. Mais pour l'instant, la salle de séjour m'est zone interdite. La Créature jappe si j'y pose une patte.

En plus, mes humains (les traitres!!!!) font grimper la Bête chaque soir sur le lit, sans aucune considération pour moi qui suis obligée de plier bagages à chaque fois pour attendre que l'orage passe.

Qu'il est loin le temps bénit où j'étais seule Maître à bord, pliant mes humains au moindre de mes caprices... Où s'est enfui mon Age d'Or?