dimanche 22 mars 2009

Tom est mort


"Tom est mort."
C'est un fait. C'est inéluctable. C'est le titre, et c'est la première phrase du roman.
"Ca fait dix ans que Tom est mort."
La narratrice, celle qui choisit de l'écrire, au bout de dix ans, sur un cahier, c'est la mère de Tom. Ce n'est pas une femme particulièrement combative, particulièrement courageuse, et qui surmontera une dure épreuve à force de lutter.
Pour ceux qui attendaient ça, le choc sera rude.
Tom est mort est avant tout un livre sur dix ans de mort. Ce n'est pas un roman sur un instant. C'est un roman sur la mort à perpétuité. C'est peut-être l'un des thèmes les plus marquants du roman : la permanence de l'horreur.
Le roman tourne autour de la mort de Tom, mais sans jamais se poser dessus : un peu avant, longtemps après, longtemps avant, un peu après. C'est un récit sur tout ce qui subsiste autour de cet instant T. Tout est teinté de cette mort, et le mot même est répété sans cesse. Marie Darrieussecq nous perd, entre les souvenirs, les fragments de vie quotidienne, les sentiments cauchemardesques de la mère de Tom. Car le labyrinthe que compose le texte, c'est le cauchemar de la narratrice. Les dix ans de désordre, de perte de contrôle irrépressible.
Quel est le but du roman ? Quelle est la volonté de Marie Darrieussecq ? Peut-être simplement de saisir ce qui se cache derrière un titre faussement évident. cette circonstance que les mots "deuil", "perte", "absence" ou même "mort" ne parviennent pas à capturer.
Peut-être que ce roman, cette addition de sensations à peu près justes parvient, un peu, à cerner l'indicible.

(Marie DARRIEUSSECQ, Tom est mort, Folio, février 2009, 6 euros)

Aucun commentaire: