dimanche 31 juillet 2016

Les incroyables (mais presque vraies) aventures du club des chasseurs Ch.2

Chapitre 2 : Un combat. La victoire du pic à fondue :

On approchait maintenant la minuit. Ce qui signifiait, au village de Barbebouq, une absence totale d'activité. Déjà, de jour, on ne peut pas dire que l'animation battait son plein, mais alors la nuit, je vous raconte pas.
Ombre parmi les ombres, aussi discrète qu'une brise de vent, une silhouette tassée sur elle-même, ce qui ne suffisait pas à cacher son imposante stature, progressait de maison en maison, redressant parfois la tête pour flairer l'air ambiant avant de se remettre en chemin. Son chemin, justement, la menait droit vers une demeure, immense silhouette qui, malgré les trombes d'eau qui l'assaillaient et la dissimulaient en partie, gardait son côté imposant et effrayant. Enfin, pour tout être encore capable d'être effrayé par quoi que ce soit.
La créature resta un moment à contempler la bâtisse, puis avisa la porte d'entrée encore grande ouverte. Une autre silhouette, moins massive, la rejoignit et jeta à son tour un regard à l'ouverture lumineuse. Les deux créatures, l'une à la suite de l'autre, se précipitèrent dans la bâtisse.

...

Quand deux vampires surgirent dans la maison du nommé Alcibalde, les réactions furent diverses :
Catelyn baissa la tête et entreprit de fouiller méthodiquement son sac à main.
Lili, après avoir jeté un regard à sa collègue, se précipita vers le monstre.
Alcibiade marcha d'un pas résolu vers la deuxième bestiole.
Robert épaula son fusil.
Alice partit dans la direction opposée, la cuisine.

La suite fut plus chaotique, en grande partie parce qu'à la suite d'un éclair, l'électricité avait sauté : Lili parvint rapidement sur le premier vampire, Alcibiade un peu plus tard sur le second, plus grand. Le vieil homme brandit quelque chose sous le nez de l'aberration qui la fit reculer.
Les coups de tonnerres se succédaient sans interruption, ainsi que les éclairs qui illuminaient à intervalles réguliers les faciès immondes des monstruosités. Un coup de tonnerre, un de plus, résonna : c'était le tir de Robert, dont la balle évita admirablement sa cible pour finir pile au milieu d'une vitre, qui éclata en de multiples morceaux.
A la faveur d'un rayon de lune, on put voir le combat acharné de la petite fille et du grand vampire, une mêlée indistincte, un amas de jambes et de bras qui se saisissaient les uns les autres. Difficile de dire qui gagnait. Catelyn cria quelque chose qui fut couvert par un nouveau coup de tonnerre. Apparemment, sa consœur comprit, avec un peu de retard. Elle eut tout juste le temps de se jeter en arrière et de fermer les yeux : la rousse jeta sur le monstre une poignée de poudre qui, suite à la mélopée de cette dernière s'enflamma brusquement en projetant alentour une lumière crue, qui s'éteignit aussitôt alors que le vampire poussait des cris stridents, les jambes en feu. De toute évidence, cela ne suffisait pas, alors Lili se jeta de nouveau dans le combat, le temps que Cate prépare un nouveau sort...

Le vampire qu'Alcibiade avait repoussé lui avait tourné autour un moment, crachant, sifflant et détournant la tête tandis que le vieillard dirigeait vers lui son crucifix. Puis le coup de fusil de Robert attirant son attention, le monstre galopa vers ce dernier, pour moitié sur les pieds, pour moitié à quatre pattes. Avant que le barbu ait le temps de recharger son fusil, le monstre l'avait projeté à terre d'un côté, et son arme de l'autre. L'homme tenta de retenir de ses deux mains la tête du vampire qui se précipitait en grognant tel une bête enragée sur sa gorge, mais la force de la bête était démesurée, et bientôt sa gueule grande ouverte ne fut plus qu'à quelques centimètres de la jugulaire du brun. Millimètre par millimètre, le monstre progressait, toujours plus près de la veine saillante de l'homme en sueur. Bientôt ce serait la fin. Encore un millimètre. Un autre...
C'est à ce moment que resurgit Alice. La jeune fille ne s'était pas précipitée dans la cuisine par lâcheté ou par peur : Elle était allée chercher des armes. Enfin des sortes d’armes. Elle avait fait avec les moyens du bord, et c'était donc une véritable armada de fourchettes, de couteaux et autres ustensiles de cuisine sales qui suivaient la jeune fille en lévitant, leurs tranchants luisant faiblement à chaque éclair qui tombait. Ses yeux dont seul le blanc était visible, sa bouche ferme, son air décidé, ses poings serrés, elle avait tout d’une déesse vengeresse et implacable. Lentement elle leva un index et le pointa sur le monstre qui maintenait Robert à terre. C’était l’annonce d’un funeste destin : l'armée de métal s'élança : chaque pointe, aiguisée ou non, se planta fermement dans l'épiderme pâle de la bête, et ce fut par un heureux hasard un pic à fondue, portant encore quelques traces de son récent combat contre une fondue de fromage, qui assena le coup fatal au vampire, se fichant dans sa nuque si profondément qu'il atteint le cerveau. L'être monstrueux eut juste le temps de pencher la tête en arrière, la bouche ouverte en un cri muet, avant de tomber en poussières sur le sol de la salle à manger, entraînant dans sa chute les armes qui l'avaient pourfendu.
Alice amorça l'ébauche d'un sourire à l'homme à qui elle avait sauvé la vie et à son oncle, puis fut tout à coup, comme eux, projetée au sol. Une luminosité d'une rare intensité lui fit tourner la tête vers l'autre combat, à deux pas de celui-ci : Elle dut aussitôt fermer les yeux, et même alors, une douleur sourde, souvenir de la trop puissante lumière, fit battre ses tempes. Elle resta marquée autant par le spectacle que la révélation qu'il apportait : la rousse, Catelyn McCluster, les yeux fixes et sereins, les mains le long du corps, face au monstre sur lequel tombait, du ciel et à travers le toit qu'il venait de démolir et de mettre en feu, un terrible éclair qui plaquait la créature à quatre pattes et la consumait à une vitesse démentielle.
Elle n'en avait aucun doute, c'était bien la femme rousse qui maîtrisait le terrible éclat, celui-là même qui les avait tous envoyés à terre, dans un gigantesque tremblement qui avait secoué la maison du toit jusqu'à ses fondations.
Elle rouvrit les yeux pour constater la disparition du deuxième vampire. De lui ne restait sur le sol qu'un amas de poussière ainsi qu'une trace noire sur le plancher, au centre d'un cercle enflammé laissé par la foudre.

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